La zone adjacente au palais de justice de la capitale libanaise, Beyrouth, s’est transformée en une arène pour des affrontements armés qui ont fait au moins six morts et des dizaines de blessés.
Les affrontements, au cours desquels des grenades propulsées par fusée ont été utilisées, ont coïncidé avec une veillée organisée par des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal pour exiger la démission du juge d’instruction dans l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, Tariq Bitar.
Qui est Bitar, et comment les divisions autour de lui ont-elles atteint le point d’affrontements armés ?
Personalité mystérieuse
Après des mois d’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de deux cents morts et plus de six mille blessés, Bitar s’est retrouvé au centre d’une violente bataille entre les différentes forces politiques au Liban.
Bitar a été nommé juge pour enquêter sur l’explosion en février 2021, succédant à Fadi Sawan, qui a été dessaisi du dossier par la Cour pénale de cassation , après avoir accepté un recours en justice déposé par l’ancien Premier ministre libanais Hassan Diab et trois anciens ministres.
Bitar a été nommé juge pour enquêter sur l’explosion du port de Beyrouth en février 2021
Bitar, qui enquête sur la plus grande affaire du pays depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri en 2005, est une figure quelque peu mystérieuse pour les Libanais, car il ne parle pas beaucoup à la presse et n’apparaît pas dans les événements publics.
Il est né, selon les médias libanais, dans la ville d’Aidmon dans le gouvernorat du Akkar en 1974, et a rejoint l’Institut d’études judiciaires en 1999.
Des peines sctrictes
Bitar a été juge pénal à Tripoli entre 2004 et 2010, traitant des affaires de criminalité financière. Il a ensuite été nommé procureur d’appel dans le nord du Liban jusqu’en 2017, et a pris en charge les enquêtes sur les crimes contre certaines personnalités politiques et médiatiques.
En plus de son rôle d’enquêteur médico-légal dans l’explosion du port de Beyrouth, Bitar occupe le poste de président du tribunal pénal de Beyrouth depuis 2017.
Au cours de son mandat en tant que président du tribunal, il a examiné un certain nombre d’affaires pénales majeures qui ont occupé l’opinion publique, notamment des meurtres, le trafic de drogue et la traite des êtres humains, et certaines des décisions rendues par son tribunal ont été qualifiées de strictes.
En mai de cette année, le nom d’Al-Bitar a été largement diffusé au Liban après qu’il a rendu une décision dans le cas d’une fille libanaise amputée des doigts à la suite d’une erreur médicale. Il a sommé les parties ayant causé les dommages de payer une somme d’un milliard de livres syriennes (environ 650 000 $) à la famille de la jeune fille, en plus d’une allocation mensuelle pour la victime.
Accusations de politisation
Bitar a passé les cinq premiers mois après sa nomination en tant que juge à enquêter sur l’explosion dans le port de Beyrouth, à étudier le dossier et à écouter les témoins. Il a également rendu des décisions de libération de certaines personnes détenues dans le cadre de l’affaire.
Source: BBC Afrique